Infrastructure terrestres

Habiter le parc productif

Le site de projet se situe à la lisière de Coudekerque-Branche et le quartier de Téteghem-Coudekerque, communes de Dunkerque. L’objectif est de relier ces deux quartiers en requalifiant ce site qui aujourd’hui marque leur séparation. Le choix de la permaculture comme programme vient requestionner le mode agricole intensif, espace vert productif caractéristique de la lisière qui en fait un site isolé. Dans une ambition de croiser les usages, comment habite-t-on un parc productif ? Le projet est un foyer pour les étudiants du Lycée Agricole de Dunkerque situé à 15 minuntes à vélo du site de projet. L’objectif est de produire un logement où les habitants sont acteurs de cette permaculture qui devient leur habitat. Il s’agit de deux bâtiments qui s’assimilent à des longères, un archétype propre au corps de ferme très présent sur le territoire agricole de Dunkerque. Ils s’installent proche de l’existant, du côté de la départementale D636, et permettent d’amorcer le chemin tracé vers la permaculture tout en occupant le sol imperméable des anciens garages et box de rangement. Ce chemin traverse la permaculture et rejoint le marché. Comment réinterprète-t-on une forme traditionnelle afin de répondre aux enjeux contemporains d’habiter et de produire sur Dunkerque ? La longère reprend la volumétrie longue et horizontale du corps de ferme et une toiture à double pente continue. On retrouve un corps de bâti homogène en brique dont les ouvertures en façade laissent deviner l’alternance entre espace privés et espaces collectifs. Le rez-de-chaussée est au service de la pédagogie. On retrouve une salle de classe ; un atelier où l’on bricole, répare et entrepose les outils de travail ; et un atelier agricole où l’on cultive et stocke ce que l’on produit. Ces espaces s’ouvrent sur la permaculture pour accentuer le lien entre pédagogie et production agricole, et deviennent comme une vitrine de ce parc productif. Dans les étages, le foyer se développe en 3 plots séparés par des espaces collectifs ouverts. Chaque plot est composé de 4 chambres étudiantes articulées autour d’une salle à manger qui devient la pièce principale du logement. Avec son îlot de cuisine unifié avec la table à manger, la salle à manger s’inscrit dans le circuit alimentaire de la permaculture : production, préparation et consommation. L’attique quant à lui est une longue toiture continue, sculptée et creusée par les cheminées et les terrasses. On y retrouve deux gîtes pour le tourisme. Deux registres de cheminées créent un rythme en toiture pour éclairer les logements, mais également ventiler les pièces humides. On retrouve aussi deux types de terrasses orientées sud. La terrasse « tropézienne » creuse la toiture tandis que la terrasse « vénitienne » qui s’installe en saillie la sculpte. Les dimensions du toit permettent d’avoir des doubles hauteurs pour les espaces collectifs (salles à manger ou séjours) avec une grande quantité de lumière naturelle. Les interventions en toiture sculptent le toit et sont mises à profit des logements. Le toit à double pente ici n’est pas qu’une simple couverture ou élément vernaculaire, il est un espace habité.